Editorial

Koglweogo

La nature a horreur du vide. Et les Koglweogo se sont chargés de le combler. Ils ont pris le relais là où les forces de sécurité ne vont jamais. Ils ont installé leurs pénates et ont commencé à rendre justice, avec les dérives que l’on sait. Les Koglweogo se sont arrogé des prérogatives constitutionnelles, celles des juges qui, au nom du peuple, disent le droit. Dès lors, on comprend la sortie du procureur général près la Cour d’Appel pour condamner cette justice privée, après la condamnation ferme des syndicats d’avocats et de magistrats. Tolérance zéro donc contre ces groupes d’auto-défense pour le monde judiciaire.
Reste les politiques. Le ministre de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré, est gêné aux entournures aujourd’hui, avec tout ce à quoi on assiste comme débordements sur le terrain. Après la ville de Léo, celle de Fada a pris le relais dans la défiance de l’autorité. Et il n’est pas exclu que cette défiance vire à l’affrontement ouvert, si l’on n’y prend garde. Après les attentats de Ouagadougou et les tentatives de déstabilisation des ex-Rsp, le Burkina n’a pas besoin encore de se tirer une balle dans le pied.
Il y a un risque que le ministre de l’Intérieur et tout le gouvernement se mettent à dos le corps judiciaire et bientôt l’opinion, s’ils ne font pas preuve de plus de fermeté. L’approche qui veut que ces groupes se constitutent en associations et intègrent un cadre qui existe déjà, les initiatives locales de sécurité prévues dans le déploiement de la police de proximité, est mise à mal par les dernières velléités corporatistes des kolgweogo qui refusent de voir leurs membres en conflit avec la loi répondre devant les autorités judiciaires. L’incident de Fada montre que la cote d’alerte est atteinte. L’intégration de ces « auxiliaires de sécurité » est déjà compromise. Ils se sont mis directement en conflit avec l’autorité et se sont ainsi mis en position de hors-la-loi. La question, c’est comment « désarmer » ces Koglweogo: par la sensibilisation ou par la répression? Il y a urgence.

Abdoulaye TAO

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