Ceux qui trépignaient d’impatience sont désormais fixés. La date des élections est fixée au 29 novembre prochain. Dans trois semaines, les états-majors des partis politiques vont reprendre du service pour tenter de séduire les électeurs. Ceux qui soupçonnaient la transition de vouloir jouer les prolongations en ont eu pour leur frais. Place à la campagne désormais, même si celle-ci s’annonce plus compliquée pour certains partis dont l’aura est plus ou moins ternie par leur proximité avec les auteurs du coup d’Etat.
Il faut cependant comprendre les hésitations du président Kafando par rapport à l’opportunité d’une date. Pouvait-on enjamber les cadavres des martyrs pour programmer des élections? Le préalable de l’hommage aux martyrs levé, restait à évacuer l’incertitude sécuritaire. Le pays vient de subir l’assaut d’une bande armée à l’ouest. Djihadistes ou pas, il fallait d’abord évaluer cette menace et son impact éventuel sur le processus électoral, d’où la participation du chef d’état-major général des armées à la réunion avec les responsables des partis politiques pour permettre d’arrêter une date consensuelle. La démarche du gouvernement est pragmatique et responsable. Reste maintenant à donner tous les moyens nécessaires aux forces de sécurité pour garantir une campagne électorale paisible. Le dernier Conseil des ministres a déjà donné le ton en annonçant la création de l’Agence nationale de renseignements. C’est un défi important qui se présente à elle en termes d’organisation, de renseignements et de capacité de réaction. Tout ceci se fait dans l’urgence au lendemain de la dissolution du RSP suite au coup d’Etat manqué. A l’état-major et aux managers de la grande muette de prouver ce que leurs unités ont dans le ventre s’ils ne veulent pas conforter le mythe que toute la sécurité de ce pays reposait sur les épaules d’un seul homme et de ses réseaux : Gilbert Diendéré. Ici aussi, il s’agit de savoir comment notre armée va tourner la page.
Abdoulaye TAO
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