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SONABHY: «Malgré tout, nous sommes sortis avec un bénéfice de 7 milliards de FCFA », Aboubakar Nacro, Dg de la Sonabhy

La 23e session de l’Assemblée générale des sociétés d’Etat enregistre une contre-performance générale des entreprises étatiques au cours de l’exercice 2014. Cependant, la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY) a, en dépit du climat socioéconomique difficile et des dettes et des subventions que lui doivent la SONABEL et l’Etat burkinabè, affiché un résultat satisfaisant. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le Directeur Général de la SONABHY, Aboubakar G. Nacro, nous livre la stratégie managériale et la politique adoptées par l’entreprise pour booster son rendement et répondre aux exigences de la mission qui lui a été assignée.

L’Economiste du Faso : Quel est votre mode de gouvernance?
Aboubakar G. Nacro, Dg de la Sonabhy : Il n’y a pas de mode particulier, nous sommes dans un contexte où on nous demande d’assurer au mieux l’approvisionnement du pays en produits pétroliers de qualité à un coût raisonnable. Nous nous appuyons sur l’héritage que nous ont laissé nos prédécesseurs qui se sont battu comme ils pouvaient pour que l’entreprise soit là où elle se trouve actuellement. Il s’agit pour nous de voir, après 30 ans, quelles perspectives pour l’entreprise. Ces perspectives vont s’appuyer sur deux piliers : le premier sera sur les ressources humaines, une formation en ressources humaines plus fortes pour répondre aux exigences du monde de l’entreprise et de la population; et le second va s’appuyer sur la qualité, ce qui demande une autre manière de voir l’entreprise en termes de management, en termes d’amélioration continue, en termes de procédures, en termes d’indicateurs, en termes de reportoring et de monotoring. Il faut de la transparence absolue et le respect des textes et des procédures.

A l’Assemblée générale des sociétés d’Etat, la SONABHY a présenté un résultat net de 7 milliards de F CFA en termes de bénéfice et un chiffre d’affaires au-dessus de 530 milliards de F CFA. (Ph: DR)
A l’Assemblée générale des sociétés d’Etat, la SONABHY a présenté un résultat net de 7 milliards de F CFA en termes de bénéfice et un chiffre d’affaires au-dessus de 530 milliards de F CFA. (Ph: DR)

Parlant de transparence, comment se portent les chiffres à la SONABHY?
Très bien! Les gens doivent savoir que la SONABHY se porte très bien. C’est une entreprise moderne qui se bat, qui est rentable et qui fait des bénéfices. Elle est handicapée par le fait que l’Etat ne paie pas à temps les subventions qu’il décide de verser au profit des consommateurs et aussi avec les problèmes de la SONABEL qui n’arrive pas à payer à la SONABHY ses dettes à temps. Nous avons des problèmes au niveau de notre trésorerie. Ce qui nous oblige à aller vers les banques pour emprunter de l’argent, cela nous coûte très cher et cela impacte nos résultats. Mais malgré tout, nous sommes sortis avec un bénéfice de 7 milliards de FCFA, ce qui veut dire que nous sommes une entreprise qui se bat et vous savez que c’est rarement qu’on entend parler de rupture de produits. Quand cela arrive, comme les gens ne sont pas habitués, cela crée un scandale surtout pour le gaz butane. Ce qui montre que nous sommes une entreprise tout à fait dynamique. Et l’atmosphère de la Transition nous a permis de communiquer en toute transparence, sans tabou. Nous pensons que les gens ont pu comprendre que malgré quelques lacunes que nous avons, l’entreprise se bat et que le personnel travaille.

Pouvons-nous avoir une idée des chiffres validés au cours de l’Ag des sociétés d’Etat?
Ce que nous pouvons dire, c’est que les chiffres globaux des résultats viennent d’être validés par l’Assemblée générale des sociétés d’Etat. Le résultat net est de 7 milliards de F CFA en termes de bénéfice. Il s’agit aussi du chiffre d’affaires qui est au-dessus de 530 milliards de F CFA. Ce qui est un peu embêtant pour nous, ce sont les frais financiers, les frais bancaires, notamment liés au fait que nous nous sommes endettés auprès des banques. Cela nous a coûté près de 9 milliards de F CFA. Vous comprendrez que si l’Etat et la SONABEL nous payait à bonne date, nous ne serons pas à 7 milliards de F CFA, mais nous aurions été à 15 milliards de F CFA, ce qui est très bon pour les caisses de l’Etat.

Lors de la Journée du pétrolier, vous avez annoncé que la gestion de la ressource humaine est une part importante de votre gouvernance. Concrètement, qu’est-ce qu’on doit attendre par cela de votre part ?
Nous voulons gérer en ayant en tête ce que doit être la SONABHY dans 5 ou 10 ans. Nous sommes une entreprise vieille de 30 ans, nous avons donc un ensemble de cadres qui iront dans 10 ans à la retraite. Nous pensons qu’il faut réfléchir à la SONABHY dans 10 ans. C’est-à-dire qu’il faut mettre l’accent sur les jeunes. Il faut s’assurer que les jeunes sont outillés, capables de prendre la relève, qu’ils ont tous les éléments. Il faut anticiper, si possible, le fait de produire le pétrole au Burkina. Nous allons donc donner de la valeur aux jeunes, les former, leur donner des postes de responsabilité et faire en sorte que les aînés leur transmettent leurs connaissances. Il faut organiser l’auto-formation par les ateliers d’échanges, de partage, de manière à avoir une bonne équipe. Voilà un peu notre vision de la formation. Déjà, nous sommes très contents des compétences qui sont à la SONABHY. Si nous arrivons à mettre en œuvre ce que nous avons comme projets, nous aurons des cadres encore plus compétents.

Un bilan de la Journée du pétrolier ?
Nous sommes satisfaits. Il s’agissait pour nous de nous ouvrir aux populations, de leur dire que la SONABHY leur appartient, qu’elles doivent tout savoir et nous devons tout leur dire. C’est ce que nous avons fait sans tabou, sans fermer les yeux sur nos propres défauts et lacunes et aussi sans faire preuve de fausse modestie. Je pense que les gens ont compris. Mais ce n’est qu’un début, il faudra que nous continuons cette communication avec la population, que nous restions ouverts et attentifs aux reproches, que les autorités et les populations puissent savoir que nous progressons. Nous avons une véritable volonté de mieux faire. Ces journées ont été pour nous un succès, nous avons pu communiquer et montrer ce qu’est la SONABHY.

La SONABHY est une entreprise qui est certifiée, est-ce que cela a un coût sur les revenus de l’entreprise ?
Non, pas du tout. Nous ne parlons pas en termes de charges, mais en termes de produits certifiés Qualité. Pour nous, c’est une responsabilité immense. Cela veut dire qu’on ne peut pas travailler et gérer sans transparence, sans suivre les procédures, sans traçabilité et sans être soucieux d’avoir une amélioration continue, sans évoluer et sans faire un reporting. C’est toute une manière de faire qui est assise au niveau de la SONABHY. Parce que nous savons que régulièrement des instances de regards internationaux viennent pour voir si nous travaillons selon les standards des grandes entreprises. Cela change la manière de travailler et de coopérer. Pour nous, c’est un grand défi. La préoccupation, c’est que toutes ces actions puissent impacter la motivation du personnel et le résultat, par la satisfaction des parties prenantes au niveau de la SONABHY. Pour nous, la qualité n’est pas seulement le papier, mais c’est la manière de faire pour mieux performer.
Est-ce que vous êtes satisfaits des résultats atteints jusque-là ?
Oui, nous sommes satisfaits même si nous savons que nous pouvons mieux faire. Nous sommes très confiants et nous travaillons dans cet élan. Tout le personnel, la direction, le management de la SONABHY, en est bien conscient. Nous voulons mieux faire sans fermer les yeux sur nos acquis et nos performances. Nous savons qu’il y a une marge de manœuvre énorme en termes de progression.
Ce qui est important pour nous, c’est la satisfaction de la population. Elle est le vrai juge, le vrai indicateur. Même si nous faisons un bon travail et que la population n’est pas satisfaite, ça nous pose problème. On est régulièrement soucieux, préoccupé de faire en sorte que la population soit satisfaite, qu’elle ne manque pas de produits. Autant que possible, qu’on lui offre des produits au meilleur prix du marché.
Malheureusement, il n’y a pas que le prix d’achat qui impacte le prix des produits, il y a d’autres éléments qui ne dépendent pas de la SONABHY. Nous sommes préoccupés d’offrir les meilleurs prix aux Burkinabè.

Y a-t-il des mesures en vue pour satisfaire la population en termes de prix, justement ?
Oui. En ce qui concerne la SONABHY, nous nous battons sur la première ligne de prix. Nous avons, en 2014, fait 5 à 6 milliards de gain par rapport à la performance qui est attendue par les autorités, en termes de prix sur le marché national. C’est-à-dire qu’on a bien acheté. Pour 2015, nous nous battons pour faire autant, sinon mieux, en négociant très fort avec nos partenaires et en créant une plus forte concurrence au niveau des différents fournisseurs du marché international. En essayant, nous-mêmes, de faire du marketing-achat pour que les gens aient envie de travailler avec la SONABHY. En faisant cela, les gens vont faire de la concurrence et nous aurons des prix plus intéressants.
En termes de perspectives dans votre management, que prévoyez-vous pour booster vos rendements?
Lorsqu’on fait 25 ans dans une entreprise et qu’on a passé toutes les étapes, on a forcément un regard critique qui nous pousse à vouloir faire changer les choses positivement. Pour ce qui concerne les travailleurs, il faut les rassembler, les motiver, les mettre au travail et leur faire percevoir que l’entreprise de demain est une entreprise différente, exigeante où ceux qui ne sont pas formés, ceux qui ne se cultivent pas n’ont pas leur place. Donc, il faut communiquer là-dessus, communiquer sur la qualité. Il faut mobiliser les gens autour d’une capacité et catalyser les besoins des populations, c’est un élément majeur pour le rendement. Puis, une fois que cette mobilisation est faite, l’autre élément reste la communication extérieure. L’autorité nous accompagne, il n’y a pas d’éléments exogènes pour venir nous causer des difficultés, notamment au niveau de notre trésorerie. Il faut que nous soyons capables de mener notre mission en toute sérénité. Souvent, on nous accuse à tort, alors qu’au fait, ceux qui nous posent problèmes ne sont pas de l’intérieur, mais plutôt de l’extérieur.

Votre dernier mot.
C’est dire merci aux populations pour leur exigence, pour leur sévérité. Ça fait mal d’être parfois mal perçu et cela oblige à faire attention, à performer. Nous savons que nous avons une population très exigeante et que nous ne pouvons pas nous amuser, parce qu’elle est très vigilante et elle nous juge.o
CD


Qui est Aboubakar Nacro ?

Statisticien-économiste-gestionnaire, Aboubakar Nacro a suivi des études de sociologie et de psychologie pour des besoins de management. Le directeur général de la SONABHY a fait ses premiers pas à la SONABHY depuis 1990 en tant que stagiaire. Après 19 ans de carrière, l’homme a gravi tous les échelons et a occupé différents postes de responsabilité dont celui de chef de service stock et statistique de la SONABHY. Au cours des cinq dernières années, Aboubakar Nacro a occupé le poste de directeur commercial, avant d’être appelé à être directeur général de la SONABHY.

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