C’est officiel. Le Tribunal militaire s’est saisi du dossier Thomas Sankara, le 24 mars dernier. Le jour même où s’ouvraient les états généraux de la justice, un des chantiers phares du gouvernement de la transition.
La coïncidence des deux événements n’est peut-être pas fortuite. L’un annonce enfin le début d’une procédure décisive dans ce dossier emblématique du régime Compaoré, son péché originel en quelque sorte. L’autre marque un tournant non moins décisif pour la justice de ce pays de saisir, pour une fois, l’occasion de se remettre vraiment en question et de se débarrasser des oripeaux d’un régime qui tenait la justice en respect sur certains dossiers sensibles.
Le dossier Thomas Sankara a souffert pendant 18 ans de cette mainmise du politique sur le judicaire. Ce dossier qui ressuscite est à l’image du pays, à la recherche d’un second souffle. La transition, qui en principe est désintéressée, offre avec la tenue de ces états généraux une formidable opportunité aux acteurs du monde judiciaire d’insuffler une nouvelle âme à la justice burkinabè. Le diagnostic est connu. Pour cela, il faudra un brin de volonté politique, un réarmement moral des acteurs autour des valeurs d’intégrité, d’égalité et d’indépendance véritable.
Car, au-delà des conditions matérielles, c’est plus la valeur intrinsèque des hommes à la toge, leur engagement et la jalousie avec laquelle ils s’acharneront à défendre leur indépendance qui feront la différence. En cela, le dossier Thomas Sankara va encore servir de cas pratique.
Abdoulaye TAO
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